Toro brave 1993 97x130cm |
Lemaitre dans son atelier. Il vient de terminer sa tauromachie, il a 84 ans.
La plupart des "tauromachies" ont été acquises par la Ville de Falaise. Elles sont en attente.
L'atelier de Lemaitre était un des plus beaux ateliers de peintre en Normandie. Il était grand comme une chapelle
avec des solives qui s'appuyaient au sommet de la voûte sur une énorme poutre qui pouvait dater du temps de Louis XIV. Nous avons essayé de le reproduire ici en 3 photos.
André Lemaitre rêvait depuis longtemps de peindre une corrida en hommage à l'Espagne et aux grands
maîtres qui lui ont consacré des oeuvres majeures : Goya, Manet, Dali, Picasso Jean Cau, Cocteau, Hemingway...
Ce fantasme lié sans doute à des raisons secrètes et profondes était devenu si fort, qu'il a voulu l'assouvir.
Pour ce Viking, ce Normand, ce peintre de mares, de natures mortes, de portraits et de nus, c'était une gageure.
Il a osé.
Après des semaines de méditation et de lectures, il a commencé sa corrida par une série de dessins et de lavis.
Trois grands formats monochromes en ocre et noir ont ensuite planté le décor.
Le paséo, la musique, la foule, les matadors, la fièvre qui monte, le premier fauve qui déboule, c'est la tardé...
L'Art et la bravoure entrent dans l'arène.
On peut ne pas aimer, détester, s'opposer... à chacun son réflexe.
En Espagne, la corrida fait partie de la "fiesta nationale".
Elle est un Art, un art populaire majeur, éminemment plastique.
L'Espagne sans la corrida ne serait pas l'Espagne.
Lemaitre avec son gendre et sa fille devant les tauromachies |
Dès lors, André Lemaitre s'est mis au travail, et que "vive la corrida !" Il en a peint 40...
Il y a consacré une année entière de 1993 à 1994.
Ce sont avant tout des peintures dans les règles qui sont les siennes et qui transparaissent tout au long de son
oeuvre. En touches verticales, horizontales ou obliques, il construit chacun de ses tableaux, sans dessin, sans détail, en
transes, dans l'angoisse, l'enthousiasme et la détermination.
La peinture encore et toujours fait le motif et non l'inverse.
Une philosophie sur la vie et la mort, le bien et le mal.
La corrida est faite de contrastes, d'ombre et de lumière, de courage et de peur, de violence et d'élégance.
Elle fascine. Lorsque le torero, avec sa cape, embarque le fauve dans une passe d'une interminable élégance
autour de son corps, par une véronique ou une naturelle, il y a là, un incomparable moment d'émotion, d'une beauté
extraordinaire.
Le torero provoque l'attaque, droit comme une statue. Il joue sa vie devant ce fauve qui veut le détruire. Son
art consiste à transformer l'assaut, l'agressivité, la mort au bout de la corne, en un rythme sublime, qui fait passer des
Olé ! Olé ! tout autour de l'arène. C'est la messe tauromachique.
R.P.
André Lemaitre devant ses tauromachies |
Tête de taureau (Musée de Falaise) |
Hommage à Picasso 1994 73x92cm |
Torero muerto 1993 50x61cm |
Veronique 1994 81x100cm |